Le Dr Corinne Chicheportiche-Ayache, Médecin Nutritionniste à Paris 16ème, détaille la relation entre la nutrition et le cancer du sein.
Le cancer du sein est, on le sait, le cancer le plus fréquent chez la femme et ainsi un des plus médiatisés au travers notamment de la mise en place de campagnes de dépistage proposées et prises en charge par la caisse d’assurance maladie.
Environ 25% des cancers de la femme sont des cancers du sein et on estime qu’une femme sur huit développera un cancer du sein.
Quand on regarde plus spécifiquement les femmes de moins de 50 ans, les cancers du sein représentent 50% de la totalité des cancers.
Les facteurs de risque de développer ce cancer sont multiples parmi lesquels une prédisposition génétique (BRCA 1 ou BRCA 2), l'âge, les antécédents familiaux de cancer du sein, une première grossesse tardive ou ne pas avoir eu d’enfant, les THS (Traitements Hormonaux Substitutifs), le fait de n’avoir jamais allaité ou des premières règles précoces,etc
C’est aussi un des cancers pour lequel les corrélations avec les facteurs alimentaires ont été les plus étudiées et ont désormais un certain écho auprès du grand public ; même s’il s’agit à ce stade d’un public plutôt averti. Ces informations dont la fiabilité scientifique est parfois contestable peuvent être source de confusion voir d’incompréhension et des demandes de clarification peuvent ainsi s’exprimer au cours des consultations auprès de leurs thérapeutes (de l’oncologue au médecin généraliste). Dans un livre intitulé «Les aliments contre le cancer», une enquête a été réalisée et met en évidence que « 89% des personnes interrogées pensent que le cancer est dû à une prédisposition génétique et plus de 80% considèrent que des facteurs environnementaux, comme la pollution industrielle ou encore les résidus de pesticides sur les aliments, sont des causes importantes de cancer. Moins de la moitié des personnes interrogées pensent que leur alimentation peut avoir une influence sur le risque de développer cette maladie … ».
Les facteurs nutritionnels font partie de notre environnement et nous pouvons agir dessus : ils sont ainsi « modifiables». Ils représentent donc une opportunité formidable en termes de prévention. Mais il faut distinguer deux types de prévention :
La prévention dite « primaire » concerne les patientes qui n’ont pas eu de cancer de sein. Les acides gras trans, la consommation d’alcool et le surpoids/obésité surtout chez les femmes ménopausées sont des facteurs de risque de développer un cancer du sein. A l’inverse, un régime riche en fibres notamment en Fruits et Légumes est protecteur.
La prévention dite « secondaire » concerne les patientes ayant eu un cancer du sein pour lequel des facteurs nutritionnels ont été identifiés comme pouvant contribuer à une diminution du risque de récidive.
Alors que penser lorsqu’on est suivi pour un cancer ? Dans cette pathologie hautement anxiogène chaque information pertinente ou non, de source fiable ou non, résonne fortement et engendre beaucoup d’interrogations. Les perspectives de la prise en charge nutritionnelle des patientes suivies pour un cancer du sein sont doubles :
- Contribuer à réduire le risque de récidive de la maladie.
- Assurer un suivi optimal du nombre croissant de patientes ayant guéri de cette maladie grâce aux progrès thérapeutiques majeurs obtenus ces deux dernières décennies. Pour elles aussi, c’est la lutte sans merci à mener contre le surpoids et l’obésité surtout abdominale, point de départ des affections métaboliques (hypertension artérielle, diabète, hypercholestérolémie) dont les complications cardio-vasculaires sont bien connues et redoutées. En effet, les données scientifiques tendent à mettre en évidence une augmentation de poids chez les patientes ayant été suivies pour un cancer du sein.
Quelles sont, entre autres, les principales données démontrées ?
- L’excès d’apport en matières grasses, notamment en acides gras saturés et acides gras trans, le surpoids ou l’obésité, surtout centrale (mesurée par le tour de Taille), doivent être combattus car délétères pour la santé de ces mêmes patientes.
- Les fibres, contenues dans les Fruits et Légumes ainsi que les Acides Gras type omega 3 jouent un rôle protecteur
- La prise d’aliments particulièrement riches en anti-oxydants naturels tels qu’entre autres le the vert, le curcuma, les choux, l’ail, l’oignon, la grenade…
- L’activité physique et régulière, même si elle n’est pas intense, a largement fait la preuve de son impact favorable pour ces patientes.