Dr Chicheportiche-Ayache, médecin nutritionniste à Paris 16ème vous présente le syndrôme du colon irritable et les conseils alimentaires permettant de mieux le contrôler
Le syndrôme du colon irritable ou colopathie fonctionnelle est un trouble de fonctionnement du colon. Le colon, appelé aussi « gros intestin » se situe entre l’intestin grêle et le rectum. Il finalise la digestion des aliments s’effectuant principalement dans l’intestin grêle, participe à la formation et à l’évacuation des selles. Due à une hypersensibilité et à une réponse musculaire augmentée, le colon se distend puis est le siège de spasmes. Les patients ressentent des douleurs dans le ventre plus ou moins spasmodiques associées à des troubles du transit : constipation et/ou diarrhées associées à des ballonnements.
Cette affection est bénigne ; elle évolue souvent de façon chronique ponctuée de poussées douloureuses et s’exprime plus souvent chez les femmes (plutôt jeunes) présentant un terrain anxieux. Elle entraîne souvent une altération de la qualité de vie et est un mode de consultation très fréquent.
Il n’y a pas de cause connue à ce trouble, le traitement est donc symptomatique. Il associe en fonction des besoins des anti-spasmodiques a des anti-diarrhéiques voir à des laxatifs en dose progressive.
Un des volets les plus importants de cette prise en charge est nutritionnel
Quels sont donc les conseils nutritionnels en cas de syndrôme du colon irritable ?
Les changements alimentaires proposés doivent être suivis sur une période d’environ un mois. Puis par la suite, il est recommandé de réintroduire progressivement un à un les aliments évincés pour identifier ceux qui sont les plus pourvoyeurs d’inconfort digestif. Néanmoins, la constance des intolérances même pour un seul aliment n’est pas toujours maintenue, rendant les diagnostics parfois aléatoires.
- Manger plus de fibres solubles :
Quand on souffre d’un syndrôme du côlon irritable, il faut aider l’organisme à réguler son transit. Le meilleur moyen est donc de consommer des aliments faciles à digérer et donc les fibres solubles. En effet, ces dernières se transforment au cours de la digestion en gel et favorisent un mouvement normal des intestins.
En pratique :
A privilégier : Aliments sources de fibres solubles |
A limiter : Aliments sources de fibres insolubles |
Pain de son d’avoine (sans blé entier), gruau, son d’avoine, farine d’orge, orge, psyllium, pain de seigle |
Blé entier, son de blé, germe de blé, pain de blé entier, céréales de type All Bran, pain multi-grains, pâtes au blé entier, boulgour, mais entier, épeautre, pain aux graines de lin |
Consommer de préférence cuits : carottes, pommes de terre pelées, courges, courgettes, asperges, patates douces, |
Pois vert, brocoli, choux, pommes de terre avec pelures |
Pamplemousse, fraise, nectarine, oranges, pêches |
Graines de lin, légumineuses (pois- chiche, fèves, haricots rouges, lentilles) |
2- Réduire les matières grasses :
Les matières grasses stimulent fortement les mouvements appelés « réflexes gastro-coliques » de l’intestin (stimulis nerveux depuis l’estomac favorisant les mouvements coliques). Chez les personnes souffrant de syndrôme du colon irritable, il est préférable de les limiter.
En pratique :
A privilégier : Aliments faibles en matières grasses |
A limiter : Aliments riches en matières grasses |
Viandes maigres : veau, porc maigre, viande de bœuf inférieur à 5% de teneur en MG et cheval |
Viandes grasses : Bœuf, Agneau, porc, mouton |
Partie blanche de la volaille |
Peau de la volaille |
Poissons frais et fruits de mer |
Poissons panés |
Lait et crème de soja, |
Crème fraiches et de coco |
Fromages a pâte dure a moins de 20% de MG en teneur |
Fromages gras (> 20% de MG) |
Biscuits au son d’avoine, galettes de gruau |
Fritures, panures |
Avec modération : margarines et huiles végétales |
Beurre & saindoux |
3- Limiter les aliments qui peuvent fermenter
Certains aliments riches en glucides appelés polysaccharides ou oligosaccharides peuvent provoquer des symptômes semblables à ceux du syndrôme du colon irritable en raison de la fermentation des glucides non absorbés par la muqueuse intestinale.
En pratique : On retiendra principalement les choux, oignons, navets et légumineuses (fèves, pois-chiche, haricots blancs et lentilles)
A l’inverse, les protéagineuses représentés notamment par le soja et ses dérivés sont généralement bien tolérés
4- Réduire fortement la consommation d’aliments irritants
Certains aliments crus, acides ou épicés, surtout pris à jeûn peuvent contribuer à l’irritation et majorent les symptômes.
En pratique :
Aliments crus ou ayant des petites graines |
Aliments acides |
Epices |
Légumes crus, salades, noix, framboises, fraises, kiwis, fruits de la passion |
Café, alcool, jus d’oranges, de tomates, ou de pamplemousses, chocolat noir |
Poivre, cayenne, cari, curcuma, anis, aneth, muscade, parika, moutarde, coriandre, carvi, etc… |
Les crudités ne sont pas responsables du syndrome du colon irritable mais ils peuvent déclencher des poussées notamment lorsqu’elles sont consommées à jeûn. Afin de pouvoir en manger de temps en temps, privilégiez les petites portions consommées plutôt en fin de repas.
5- Faire des cures régulières de probiotiques
Les probiotiques sont des micro-organismes qui rejoignent la flore intestinale. Ils contribuent a un bon fonctionnement du tube digestif et permettent un bon équilibre de la flore digestive. Certaines études ont mis en évidence une corrélation entre le recours à certains bifidobactillus (un type de probiotiques) et le soulagement des symptômes. Néanmoins, il existe de grandes disparités individuelles dans l’efficacité de ces mesures.
6- Conseils complémentaires
- Boire beaucoup d’eau
- Manger à heures régulières
- Mastiquer beaucoup
- Manger dans un endroit calme
- Eviter les aliments glacés
- Eviter les habitudes ou aliments qui favorisent les gaz (boissons gazéifiées, manger du chewing-gum, manger rapidement)
- Identifier des mesures destinées à lutter contre le stress ( facteur déclenchant récurrent)